Le 5 décembre prochain sortira « H1/2RT » (prononcez Heart), premier titre du prochain et 2nd EP 6 titres « Body And Soul » de KNTC . Un titre que l’on écoute déjà en boucle chez les Brats’ et un projet ambitieux à découvrir dans cette interview qu’ils ont bien voulu nous accorder.
➤ Présentez-nous le groupe. Que signifie KNTC ?
Clément : Nous sommes trois: Lucas à la batterie, Mathieu à la basse et je suis au chant, à la guitare et au piano. On est formés depuis deux-trois ans maintenant. KNTC, c’est la contraction de KINETIC. L'idée de base est de s'appuyer sur le mouvement.
Lucas : On vient tous d’horizons différents, on a tous eu des groupes avant ce projet, pour ma part principalement des projets punk-rock / metal. Clément et Mathieu cherchaient un batteur pour monter un groupe de post-rock à la base, on s’est rencontré pour discuter autour d’un verre et le courant est passé. On ne se connaissait pas du tout avant de monter le groupe, on a dû apprendre à se connaître à la fois musicalement, mais aussi humainement. Et on ne fait même pas de post-rock finalement, même si ça reste une influence !
“une envie de gosse qui se réalise” Clément
➤ Vous allez bientôt sortir un nouvel EP, dîtes-nous en plus?
Clément : C'est notre projet le plus ambitieux à ce jour ! On travaille dessus depuis presque un an, et on a commencé l'enregistrement à la fin de l’été 2018, avec nos instruments, nos voix, et surtout un quatuor à cordes et une harpe, une envie de gosse qui se réalise ! L'EP parle d'un sujet qui est assez actuel, à savoir le transhumanisme, le fait de dépasser sa condition d'être humain, avec au final une seule question: qu'est-ce qu'être humain?
Mathieu : Dans cet EP, on assume notre recherche de sonorité. On élargit vraiment la façon de penser l’instrument, son rôle dans le morceau, la manière dont il doit sonner. Lucas à la production artistique a réellement joué ce rôle d'expérimentation.
Lucas : C’était important de sortir cet EP en autoproduction, pour se prouver qu’on peut sortir un disque de bonne qualité et assez ambitieux avec peu de moyens. Pour moi c’était aussi un challenge personnel de gérer la direction artistique et la réalisation technique (enregistrement, mixage). Cela dit ça ne veut pas dire qu’on a tout fait tout seul, on est allé enregistrer le trio rock basse-batterie-guitare chez ACStudio, près de Tarare. Alain, le gérant des lieux, a construit ma batterie il y a 2 ans, je savais donc qu’on pourrait compter sur ses conseils pour la faire sonner comme il se doit. On a aussi travaillé avec de super musiciennes pour enregistrer les parties du quatuor à cordes et la harpe.
“On voulait tenter quelque chose de différent, et voir ce qui se passe.” Lucas
➤ Pourquoi ce choix de sortir un titre par mois ?
Clément : Notre EP raconte une histoire qui a un début, et une fin, tout sortir d'un coup aurait été normal, classique, mais à l'ère de Spotify et de Netflix, c'est plus intéressant de distribuer nos chansons de cette façon, c'est un peu comme diffuser une série avec un épisode par mois !
Mathieu : De cette manière, on souhaite présenter un projet cohérent, laisser le temps à l’auditeur, s’il le souhaite, de s’imprégner de chaque morceau. Cela permettra de comprendre la “petite” histoire qui forme la “grande”.
Lucas : Pour faire plaisir aux algorithmes de Facebook et Youtube ! Blague à part, on est envahi de sollicitations sur les réseaux sociaux, c’est de plus en plus difficile d’avoir de la visibilité en tant que groupe, et énormément de projets de qualité se disputent l’attention des internautes. Je vois régulièrement des groupes sortir un disque qui finit noyé dans la masse de nouveautés la semaine suivante. On voulait tenter quelque chose de différent, et voir ce qui se passe.
➤ Quel a été votre processus d’écriture et de composition ?
Clément : De façon générale, je montre une composition aux gars en répétition, elle est assez avancée, avec quelques idées de rythme, de basse, et de voix, mais on re-peaufine le tout en studio. Il n'y a jamais de choses imposées, on aime tous, ou bien on n’aime pas. Parfois, on déteste la tournure que telle chanson a pris, donc on la re-travaille. Concrètement, ça peut nous prendre un mois par chanson, entre l'écriture, l'arrangement, et l'acceptation. Niveau composition, on s'est bien plus lâchés que pour notre premier EP, on a tenté beaucoup plus de choses, dont l'incorporation d'un quatuor et d'une harpe. Au niveau du chant aussi j'ai essayé de nouvelles façons de chanter, un peu plus rauques, moins calmes.
Lucas : En général Clément amène une ébauche de composition quasi complète avec une structure couplet/refrain assez classique, et je prends un malin plaisir à déconstruire tout ça. Souvent on retravaille le rythme et la structure du morceau en gardant le coeur harmonique que Clément avait imaginé. On enregistre tout ce qu’on fait et on améliore le morceau petit à petit, par itérations. Un des morceaux sur l’EP a eu peut-être 5 ou 6 versions avant qu’on en soit satisfait, il a même failli passer à la trappe plusieurs fois.
➤ Où trouvez-vous l’inspiration ?
Clément : Personnellement, ce qui vient en premier, c'est un rythme, qui vient par hasard dans ma tête. Si je suis occupé, je l'enregistre sur mon téléphone, ou bien je me fais une partition sur un bout de papier et j'y reviens plus tard. Ensuite, je prends ma guitare, ou mon piano, et je vois ce que je peux en faire. Le reste, c'est beaucoup d'essais, beaucoup d'erreurs qui se transforment en quelque chose de cool.
Mathieu : Dans les arrangements, je préfère me fier à mes ressentis, les couleurs qui me viennent en écoutant les démos. J’essaie de décrire aux gars le maximum de choses ressenties ou imaginées pour travailler l’arrangement.
Lucas : Je suis addict à Spotify, j'écoute énormément de musique au boulot : du métal extrême au jazz fusion en passant par la pop. Pour moi, l'inspiration c'est surtout avoir un maximum d'influences diverses.
“On travaille déjà sur une nouvelle image scénique, avec un nouveau spectacle à proposer.” Clément
➤ Quels sont les futurs projets ? Une tournée est prévue par la suite ?
Clément : Jouer l'EP en live ! On travaille déjà sur une nouvelle image scénique, avec un nouveau spectacle à proposer. Et puis pourquoi pas quelques dates plus simples, plus acoustiques avec le quatuor, ce serait intéressant aussi !
Mathieu : On travaille actuellement le booking de façon autonome. Nous nous concentrons sur la région lyonnaise puis élargissons progressivement notre rayonnement. Plutôt que parler de tournée, on aimerait bien enchaîner quelques dates à la suite pour le moment. On souhaite surtout prendre du plaisir et découvrir un nouveau public chaque soir !
➤ Et sinon, on écoute quoi chez KNTC en ce moment ? un coup de coeur à nous partager ?
Clément : En ce moment c'est le dernier album des Twenty One Pilots, "Trench", qui est une pure tuerie en matière de son, de rythme, bref, un truc de malade. Je ne connaissais pas bien ce groupe, et depuis j'écoute leurs chansons en boucle. Donc ouais c'est un peu le gros coup de coeur, mais bon, c'est un peu celui de tout le monde en ce moment ! Mention spéciale pour "Neon Gravestone" qui est belle musicalement, et vraiment très travaillée au niveau des paroles.
Mathieu : Pour ma part, j’ai un réel coup de coeur pour la BO de Stranger Things par Kyle Dixon et Michael Stein. Ca faisait longtemps que je n’avais pas entendu un son vintage sonner aussi moderne dans l’interprétation.
Lucas : Des milliards de trucs ! Il y a un paquet d'excellents albums qui sont sortis cette rentrée, mention spéciale à “All that divides” de Black Peaks, et “Vectors” de Haken. Comme Clément j'ai aussi beaucoup écouté le dernier Twenty One Pilots, preuve qu'on peut faire du pop-rock calibré pour la radio tout en proposant des compos inspirées et en restant intègre.
➤ Quel est le concert qui vous a le plus marqué en tant que musicien et/ou spectateur ?
Clément : En tant que spectateur je dois avouer que les seuls concerts de grosses bêtes que j'ai vu, ce sont Joe Satriani et Muse. Donc entre les deux, je prends Muse ! En tant que musicien maintenant, c'est notre date au festival Bistanclac Ensase, le public était vraiment à fond, l'organisation superbe, et je ne me suis jamais autant éclaté sur scène!
Mathieu : En tant que spectateur, je mettrai ex-aequo Rammstein et David Gilmour. Styles opposés mais une claque identique. Et en tant que musicien, j’ai adoré notre ouverture du Festival des 24h de l’INSA: une scène de folie et un super moment avec les copains !
Lucas : J'ai récemment vu Ólafur Arnalds à l' Auditorium de Lyon, l’ambiance était incroyable ! Et pour la palme de la plus grosse tarte musicale tous styles confondus, sans hésiter Snarky Puppy, si vous n’en avez pas entendu parler arrêtez tout de suite ce que vous faites et foncez voir ça sur Youtube.
➤ Et maintenant le mot de la fin.
Clément : On est entourés de micros et de caméras mais on n’a pas toujours l'occasion de se faire entendre, alors écoutez, lisez, protestez!
Mathieu : A tchao bonsoir !
Lucas : Support your local scene ! Sortez voir des concerts, il y a plein d'artistes qui valent le coup juste à côté de chez vous.
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