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[Interview] Jewly


Après un premier EP en 2011 puis 2 albums en 2014 et 2017, l’artiste Strasbourgeoise Jewly a sorti son troisième album Toxic le 24 avril dernier. Nous lui avons posé quelques questions.


© Philippe Mazzoni

Salut, peux-tu te présenter ainsi que ton parcours ? 


Salut, je suis Jewly, auteure, compositrice et interprète. Altiste puis violoniste, j’ai d’abord eu un parcours plutôt classique, musicalement parlant. J’ai ensuite bifurqué vers la guitare à l’âge de 15 ans. Aimant chanter, c’était beaucoup plus simple pour m’accompagner ! Après, j’ai suivi un parcours plus conventionnel en faisant des études de Pharmacie (métier que j’ai d’ailleurs exercé durant quelques années) puis la musique s’est définitivement imposée à moi…


Dans quel état d’esprit as-tu enregistré ce nouvel album ?


Hyper positive et déterminée ! J’avais envie de cracher enfin ces morceaux et je savais que tout ce qu’on s’apprêtait à enregistrer était complètement en osmose avec les intentions que j’avais dès le départ quand j’ai écrit et composé les 10 titres. Il faut dire aussi que le travail que j’ai fait avec Moon Pilot, le réalisateur de Toxic (en gros le directeur artistique), a été super intéressant ! On a essayé plein de trucs avec ma voix, parfois je crois même que je lui faisais peur, mais tout s’est bien terminé ;). J’ai été entourée d’une équipe extra et les conditions d’enregistrement au Studio Black Box près d’Angers étaient incroyables. On a enregistré et mixé sur bandes avec Peter Deimel aux manettes, un magicien qui nous a sorti des trucs de dingues ! Je voulais un son feutré pour 4 mesures de batterie ? Facile, il me proposait un vieux téléphone avec le combiné inversé. Il fallait un tout petit son étouffé pour une prise de guitare… Facile, un ampli dans un paquet de cigarettes !

Donc en gros c’était intense, mais que du bonheur et des bons fous-rires !


"C’est très clairement autobiographique"


Peux-tu nous parler un peu de la couverture de la version CD et Vinyle, pourquoi en avoir choisi des différentes ? 

Dès le début de l’écriture de Toxic, j’avais cette vision du bandeau avec la mention « TOXIC » écrit dessus. Cet album retrace le parcours de vie d’une personne de 4 à 37 ans, qui est confrontée à des personnes ou des situations toxiques et qui essayent de s’en émanciper. Même si cela peut concerner la plupart d’entre nous, c’est très clairement autobiographique et depuis l’enfance du coup. Il m’a paru évidemment de mettre à « l’honneur » mon vrai doudou qui m’a tant accompagnée dans ces étapes pas toujours faciles. Le photographe Jérôme Coquelin m’a parfaitement comprise et a magnifiquement exprimé ce que je souhaitais. Au départ, je n’avais pas pensé faire 2 pochettes différentes (ou du moins avec quelques variantes) mais quand le graphiste (Stéphien Naili) m’a fait plusieurs propositions de visuels, j’ai finalement trouvé l’autre photo (issue du tournage des clips) idéale pour un vinyle. Le vinyle est plutôt l’objet collector, d’ailleurs c’est une édition limitée et numérotée de 1 à 500.




Tourner 10 clips en 24h c’est un sacré challenge, comment s’est passé le tournage et comment vas-tu sortir les 8 prochains ? 

C’était super intense !! D’autant plus que je rentrais de l’enregistrement de l’album, bien fatiguant aussi. Mais il y avait une formidable équipe, les 2 réalisateurs étaient très complémentaires et les acteurs et figurants au TOP (et des aides précieuses), cela a fait que tout s’est parfaitement déroulé. On a débuté vers 20h30 environ, jusqu’à 20h30 le lendemain. Rouler une vieille Alpha de 2 à 7h du mat’… c’était épique et pas de direction assistée bien sûr ! Mais avec l’adrénaline, on ne sent pas la fatigue finalement.

Le 19 juin sortira le 2ème single de Toxic : The Stupid Game Of. On a prévu de sortir un autre clip à la rentrée. Mais lors de la Web Release Party du 24 avril, faite en directe sur facebook, est née l’idée de dévoiler un clip avant peut-être, petit cadeau de confinement… !


Pourquoi avoir choisi de sortir les clips de  « Purify » et « Ready To » en premier ? Pourquoi ne pas les avoir sortis par ordre chronologique ?


J’aimais bien l’idée du puzzle et de la phrase (car tous les titres de l’album mis bout à bout forment une phrase) qu’on a la surprise de voir se reconstituer. D’autre part Purify, sorti le 27 décembre, était plutôt un cadeau pour mon public, avant la sortie du premier single. Et ce titre avait été écrit 2 ans jour pour jour avant sa sortie. Il y avait donc aussi ce symbole important pour moi de le sortir à cette date précise.


Tu t’es entourée de beau monde pour cet album et fait la première partie de bon nombre d’artistes louables, as-tu déjà pensé à faire un featuring avec l’un d’eux ? 

C’est vrai que c’est une très bonne idée ! Quand j’ai pensé aux différents guests sur l’album, Axel Bauer, Pascal Danaë de Delgres, Justin Adams (qui a collaboré avec Robert Plant, Sinead O’Connor…) et Phil Spalding (Mick Jagger, Mike Oldfield, Robbie Williams…), c’était vraiment par rapport à leur jeu. Une fois que les arrangements étaient bien avancés, on a choisi avec Moon Pilot les morceaux qui leur colleraient parfaitement à chacun et ils les ont sublimés ! Pour les artistes dont j’ai fait la première partie, ce serait top. Je pense à Macy Gray notamment !!


Y a-t-il une rencontre qui t’as marquée plus qu’une autre ? 

Eh bien pas forcément. En fait j’ai énormément de respect pour tous ces artistes dont j’ai eu le bonheur de faire la première partie ; que ce soit Scorpions, Macy Gray, Ten Years After, Lucky Peterson, The Stranglers, Ana Popovic, Yannick Noah, Florent Pagny, Yarol, No One Is Innocent… et ils nous ont tous réservé un super accueil.

Mais si je devais choisir entre ces artistes, je dirais Florent Pagny. Déjà, c’était ma première grosse scène. De plus, ils étaient arrivés très en retard pour faire leurs balances, et Florent Pagny les a écourtées en disant à son équipe qu’on devait encore faire les nôtres. J’ai trouvé cela très touchant qu’il s’en préoccupe, d’autant plus que, clairement, c’était lui la tête d’affiche. Et après notre concert, il nous a également vivement remerciés et félicités !


"Ce concert m’a marquée à vie et m’a confirmé le pouvoir de la musique."


Ton meilleur souvenir sur scène ? 


C’était sur un festival en Bretagne, Festilacs. J’ai vu une petite fille dans le public que j’ai eu envie de faire monter sur scène. Quand la chanson était terminée, j’ai voulu la rendre à sa maman mais elle m’a montré son grand frère avec insistance pour que je le fasse aussi monter sur scène. Du coup, on s’est retrouvé avec une vingtaine d’enfants sur scène avec nous jusqu’à la fin du concert. C’était assez drôle, fort et unique comme instant ! A la fin du concert, la maman de la petite fille me serre dans ses bras et me chuchote à l’oreille « Merci de leur avoir fait vivre cela ! Je viens d’avoir enfin le courage hier soir de quitter leur père qui nous battait ». Là j’ai compris pourquoi la petite fille avait tant insisté pour son grand frère, comme si elle voulait partager ce bonheur avec lui, qui l’avait peut-être protégée si souvent… Comment passer du pire au meilleur… Pourquoi avais-je choisi cette petite fille ce jour-là ? Il n’y a pas de hasard.

Ce concert m’a marquée à vie et m’a confirmé le pouvoir de la musique.


… et le pire ? 


Un concert il y a très longtemps à Marseille ! Juste avant qu’on démarre, il y a eu une descente de l’armée sur la place sur laquelle se situait le café-concert. Du coup, il n’y avait plus un chat dans les rues ! Nous avons quand même joué, mais personne dans la salle… Enfin un couple rentre… mais au bout de 5 minutes, ils se disputent violemment et se barrent ! Une répèt au final du coup ;)



© Philippe Mazzoni


Comment vis-tu cette crise sanitaire actuelle en tant qu’artiste et citoyenne ? 


En tant qu’artiste c’est évidemment très compliqué aussi ! Et le live nous manque tant ! Mais on se réinvente. Par exemple, on a quand même décidé de fêter la sortie de l’album, mais sous forme de « Web Release Party » le jour même de la sortie. C’était une expérience unique et très touchante par tous ces retours qu’on a eus. Et l’avantage était que d’où qu’il vienne, tout le monde pouvait être « avec nous ». C’est notre rôle d’essayer de donner un peu d’espoir et de positif, alors j’essaye de le faire comme je le peux.

De manière plus générale, j’ai vraiment envie que l’on se questionne après tout cela, que l’on remette l’humain au centre, que l’on s’entraide et aussi que l’on consomme différemment. Nous devons impérativement tirer des leçons de tout ce qu’il s’est passé et ne pas oublier ! Ne plus subir. J’espère vraiment que la solidarité ira dans ce sens.


Quels sont tes hobbies en dehors de la musique ?  

La cuisine, quand j’ai le temps. Aller voir un bon film ou flâner dans un musée. Après, c’est vrai que la musique reste vraiment mon hobbie number 1.


Quel est ton top 5 albums de tous les temps ?


Skeleton Tree de Nick Cave & The Bad Seeds, Hozier de Hozier, Supposed Former Infatuation Junkie de Alanis Morissette, Boarding House Reach de Jack White et le Requiem de Mozart bien-sûr !


Ton premier et dernier CD/Vinyl acheté ? 


Mon tout premier album : le Greatest Hits de Queen.

Les derniers albums que j’ai achetés, car il y en eu 2, c’était des vinyles : Hozier (son premier album, en double LP) et Imagine Dragons (Night Visions).


Ton premier et dernier concert en tant que spectateur ?

Mon premier concert c’était Susheela Raman et avant, il y avait eu la comédie musicale Cat’s.

Le dernier : The Blind Suns, super groupe avec Romain Lejeune qui a fait les guitares de Toxic, avec The Last Internationale, à La Laiterie à Strasbourg.


Une découverte musicale récente à nous partager ?  


Sate et son album Red Black & Blue, qui date de 2016 déjà, mais une bonne énergie qui fait du bien !


Le mot de la fin ? 


Prenez bien soin de vous et de vos proches. Écoutez-vous. Réagissez et ne vous laissez pas détruire par le toxique qui peut être autour de vous, sans même parfois que vous vous en rendiez compte. Prenez conscience de ce que vous êtes, de votre valeur, de votre singularité et faîtes-en votre force pour vous élever et tous nous élever. Cela peut peut-être paraître fastidieux mais au final c’est salvateur.

Et un grand merci Brats’ Indie Music !







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